Le législateur ne laisse aucun doute à ce sujet : l’avenir automobile devra être électrique, les normes condamnant à plus ou moins court terme tout le reste. Porsche en est conscient et nous livre avec sa Taycan un premier jet. Un jet qui avionne !
Voilà bien une voiture qui fait couler de l’encre. Porsche, le synonyme du plaisir de conduire, qui passe au tout électrique. Il y a près de 20 ans, il y avait la même querelle de passionnés lors de la sortie du Cayenne qui s’est avéré être un produit très intéressant puisque c'était bel et bien un 4x4 qui avait gardé des gênes de sportive. Il fallait donc en avoir le coeur net.
La Taycan a été bien dessinée. Sa ligne, typée Porsche bien entendu, est basse et légère. A noter une aérodynamique record avec un Cx de… 0.22 ! On découvre aussi qu’elle est d’un gabarit plus raisonnable que la Panamera. Comme cette dernière est particulièrement encombrante, on aura tendance à penser que c’est la Taycan qui est dans le vrai et qu’elle est plus dans l’esprit de la marque. En échange, la place à l’arrière est un peu chiche.
La gamme se compose de quatre modèles, dont les noms ont été repris des autres modèles de la gamme puisque outre la basique, on trouve les 4S, Turbo et Turbo S. Là aussi, il y a débat sur un logo Turbo apposé sur une voiture électrique mais nous ne rentrerons pas dedans !
Parlons puissance. La version d'accès permet de compter sur 240 kW (326 chevaux). La 4S offre déjà 390 kW voire avec la batterie Performance Plus 420 (soit 530 ou 571 chevaux), quand la Turbo propose 500 kW (680 ch) et la Turbo S carrément 560 kW (soit 761 chevaux). Ce sont les puissances maximales, donc en mode Sport Plus et batteries chargées. Nous avons essayé une Turbo, pas par choix mais simplement parce que c’est ce que Porsche France avait en stock ! 680 ch en mode Boost et 86.7 mkg, cela devrait suffire à faire oublier l’essence en jouant avec… les sens.
Comme chez ses concurrentes signées Tesla, la Taycan dispose d’un moteur à l’avant et d’un autre à l’arrière, ce qui en fait une 4 roues motrices. Le moteur arrière a une particularité : là où les véhicules électriques n’ont qu’un rapport de transmission (un réducteur), celui-ci dispose de deux rapports (une boite de vitesses). Le premier est très court pour optimiser les grosses accélérations (il ne sert qu’en modes Sport et Sport Plus), l’autre très long pour permettre une vitesse de pointe certaine. A ce sujet, les Taycan Turbo et Turbo S sont bridées à 260 km/h.
Comme sur d’autres modèles de chez Porsche, il y a plusieurs modes de conduite que l’on peut sélectionner via la petite manette au bas du volant. Ils influent bien entendu sur les performances mais également sur le frein moteur. En mode normal on aura une conduite très proche de celle d’une voiture classique mais nous aurions apprécié d’avoir (beaucoup) plus de frein moteur. Les différents menus permettent de paramétrer cela.
Au volant, on est incontestablement aux commandes d’un véhicule plus sportif que ce que Tesla propose. La touche Porsche, aucun doute ! Les performances sur les modes Sport et Sport Plus sont supérieures à celles des américaines d’une part. Le comportement en conduite sportive de la Taycan est plus précis, plus incisif d’autre part. La direction offre un feeling rare pour une telle auto. On a rarement eu de telles sensations dans une voiture ! L’ambiance à bord est excellente.
La suspension est très ferme en conduite sportive -comme il le faut- mais devient très confortable en conduite douce comme on aime parfois le vivre avec un véhicule électrique. Dans le sinueux, la voiture souffre parfois de son poids mais cela reste ce que l’on a essayé de mieux en matière d’auto électrique. En l’absence de bruit de moteur, on entend bien le travail des pneus. En cherchant dans les menus de l’informatique embarquée, il y a tout de même la possibilité d’obtenir un son « sportif ». C’est un mélange de bruit de voiture électrique et d’un moteur Porsche, discret, qui semble venir de l’arrière. Ceci constitue une option baptisée Electric Sport Sound…
L’intérieur est dans l’esprit de la marque bien entendu, mais il est épuré comme on en a l’habitude dans un véhicule électrique. Tellement épuré que l’on a longtemps cherché le port USB… qui n’existe pas : il n’y a que de l’USB-C. Face au conducteur/pilote, un grand écran courbé affiche les compteurs. Il y en a 5 bien entendu, en clin d’oeil à un autre modèle de la gamme.
On dispose sur la Taycan d’un coffre et non d’un hayon comme sur la Panamera. A noter qu’il y a d’ailleurs… deux coffres : un à l’avant et un à l’arrière, comme chez la concurrence mais surtout comme d’autres modèles de la marque ! Et comme sur ces modèles, il ne faudra pas prendre trop de bagages si vous partez en vacances en famille. Les volumes offerts sont modestes et les ouvertures étroites.
Il faut l’avouer, notre essai a été très bref. Suffisamment pour… ne pas pouvoir tester l’autonomie de la Porsche Taycan. C’est d’autant plus dommage que c’est le principal souci de tous ceux qui souhaitent passer à l’électrique. Selon nos confrères, on peut compter sur une autonomie de 350 km. Et c’est heureux car il le réseau de bornes de recharge Ionity n’a ni la densité, ni la rapidité, ni la fiabilité des Superchargers de Tesla.
La Turbo dispose des mêmes batteries que la Turbo S. la différence se fait au niveau du moteur arrière un peu plus puissant sur la S et au niveau des équipements : la Turbo S offre de série beaucoup de choses en option sur la Turbo. Enfin, offre n’est sans doute pas le bon mot puisque la différence entre les deux versions est d’environ 33.000 euros ! Comme à l’accoutumée, cette version (affichée plus de 150.000 euros) peut faire exploser votre budget si vous vous attardez sur la longue liste d’options. Et pourtant il le faudra : d’origine, il n’y a même pas le cuir ! La concurrence US est bien plus compétitive sur ce terrain là.
La Porsche Taycan fait couler beaucoup d’encre chez les passionnés. Elle mérite d’être essayée pour se rendre compte de quoi on parle : la marque a parfaitement réussi sa première berline sportive électrique.
Texte : Manu Bordonado
Photos : Manu Bordonado & Soufyane Benhammouda