Honda est l’un des meilleurs motoristes du monde, c’est un élément unanimement salué de longue date. Mais que se passe-t-il lorsque ce constructeur est obligé de repartir d’une page blanche avec le passage au véhicule électrique ? Essai de la Honda e, première étape d’une époque censée être meilleure.
Les passionnés le savent, la marque s’était déjà essayée à l’électrique dans le passé. Mais c’est la première fois que Honda lance chez nous un modèle électrique avec ambition.
Le public a immédiatement eu un coup de coeur pour ce concept-car et le modèle définitif lui est resté fidèle, par chance. Très fidèle, jusqu’à l’absence de rétroviseurs qui constitue sans doute l’élément le plus marquant de l’auto. Sa forme épurée au maximum façon iPhone (boucliers invisibles, vitres sans encadrement, poignées de porte cachées…) et ses masques noirs intégrant de grands feux ronds caractérisent l’auto. Mais cette face avant est aussi un clin d’oeil aux Honda les plus anciennes. Ce véhicule futuriste est un monument de design à lui tout seul.
Il en est de même dans l’habitacle. Un architecte d’intérieur a dû passer par là ! Le toit vitré panoramique apporte de la lumière. La sellerie est claire et agréable au toucher, le (faux) bois est très design lui aussi… l’ensemble est très plaisant à l’oeil au quotidien, on ne s’en lasse pas. Le rétroviseur central, sans cadre, complète le tableau. Enfin, le volant (chauffant) à 2 branches est une référence aux premières autos de la marque.
Impossible de ne pas parler des écrans à bord. Si vous vous intéressez à la technologie, si vous êtes un geek, si vous aimez le futur… vous ne pouvez qu’être séduit(e). Mentionnons la petite vidéo d’accueil et l’économiseur d’écran avec un aquarium où vous pourrez nourrir les poissons à l’arrêt et même… choisir la race de ces derniers !
L’écran central et celui du passager sont paramétrables et… permutables. Vous pourrez donc lui déléguer l’ambiance musicale ou la navigation, par exemple. Vous pouvez même afficher simultanément la navigation Honda et celle de votre smartphone (iPhone ou Android) car toutes les possibilités sont permises.
Les rétroviseurs latéraux ont été remplacés par des caméras qui diffusent leurs images dans les écrans placés aux extrémités du tableau de bord. Leur emplacement est très intuitif : on s’y fait en quelques instants seulement (des marques comme Audi ne peuvent pas en dire autant). Le résultat est très lisible, y compris de nuit ou lorsque quelqu’un vous suit avec des phares mal réglés. Et celles et ceux qui ont du mal à voir de loin n’ont plus le problème. Le rétroviseur intérieur offre le choix (via le bouton jour/nuit) entre un rétro classique à miroir et les images d’une caméra, comme sur la dernière Corvette ! A noter que ce n’est pas la même caméra que celle utilisée pour le recul, une bonne nouvelle car cette dernière se salit vite.
Revenons à l’essentiel : la sellerie est aussi agréable à l’usage qu’au premier regard. On se sent très bien aux places avant. Un peu moins à l’arrière : nous sommes dans une citadine donc l’espace à l’arrière est compté. C’est encore plus vrai dans le coffre car il est assez limité. A ce sujet, remarquons que le dossier de la banquette est en un seul morceau malheureusement. Les Honda d’il y a 30 ans étaient mieux équipées de ce côté là.
Nous avons un rangement central avant et un plancher plat qui permet de poser un sac et de ranger une multitude de choses devant. On aime ! Il n’y a en revanche pas d’accoudoir central ni de recharge de téléphone par induction et ça, on aime moins. Certains plastiques ne sont pas hyper qualitatifs mais cela devient une généralité chez à peu près tous les constructeurs généralistes (et pas que).
La Honda e est petite et sa batterie l’est elle aussi, c’est logique. Il en découle une autonomie mesurée par nos soins à 180 km en moyenne. Cette distance est largement suffisante en ville, le terrain de jeu favori de l’auto, mais semble légère par rapport à ses concurrentes les plus récentes, notamment la Renault Zoé et la Fiat 500e. Attention : cette autonomie baisse très vite sur autoroute.
La Honda e laisse le choix entre une puissance de 100 ou de 113 kW, ce qui représente 136 et 154 chevaux. Nous disposions de cette dernière variante. Une mécanique qui respirait la santé et qui est aussi capable de mettre à mal la motricité sous la pluie ! Le châssis est assez vif, très dynamique, très… Honda. Comme on aime, car il s’agit d’une propulsion ! Que du bonheur en dépit d’un amortissement insuffisant quand on sort la grosse attaque.
Le plaisir de rouler en Honda e ne se résume pas à cela. C’est aussi rouler en ville dans le plus grand silence avec une voiture que l’on remarque. Mais aussi une auto au rayon de braquage vraiment réduit et avec laquelle on ne sert pas les fesses quand on roule dans des passages étroits : il n’y a pas de rétroviseur…
La fonction « Accélérateur seul » permet de conduire à une seule pédale : la batterie se recharge au lever de pied et offre un frein moteur suffisant pour ne pas avoir à toucher aux freins. Dommage que cette fonction se désactive à chaque fois que l’on prend le véhicule ou que l’on touche au Cruise control. Puisqu’on parle de lui, le régulateur de vitesse adaptatif est très bien calibré et permet de rouler dans les embouteillages sans stress. De manière générale, la conduite autonome est agréable et efficace.
Petite anecdote : lors d’une journée où la batterie commençait à baisser, nous avons demandé au GPS de nous trouver un chargeur rapide à proximité. Le premier se trouvait dans l’enceinte d’un prestigieux restaurant mais, confinement oblige, il était fermé. Pour le second, la Honda e nous as emmenés devant un Supercharger Tesla incompatible avec notre auto. Mais il n’a pas menti, nous étions bien face à un chargeur rapide !
Si nous faisons abstraction de son autonomie, la Honda e ne souffre pas de gros défauts. Mieux : elle est attirante pour les esthètes, pour les geeks mais aussi pour celles et ceux qui aiment conduire… Comme une vraie Honda !