Honda. Une marque connue de tous aujourd'hui mais qui s'est fait connaître dans les années 60 par la compétition et notamment la Formule 1. Des gènes sportifs qui n'ont jamais quitté la marque jusqu'à aujourd'hui.
Nous voici au volant de la dernière Honda Civic Type R. La dernière Honda du catalogue français à ne pas être hybride mais... simplement à essence. La prochaine sera hybride. Si elle existe. L'avenir nous le dira mais celle-ci tire sa révérence, poussée dehors par une énième norme de technocrate européen. Mais ne boudons pas notre plaisir. Car les Civic savent en donner, et celle-ci particulièrement.
Ce nouvel opus est une évolution du précédent. On retrouve donc une berline de taille confortable, bien loin des Civic d'antan. Elle offre un coffre de contenance intéressante mais surtout une superbe habitabilité. Une qualité valable pour ses 4 places. Car si elle offre une importante place aux jambes à l'arrière, les heureux passagers n'y seront que deux.
La partie centrale de la banquette est maintenant occupée par un double porte-gobelet. Et si ladite banquette est noire, les sièges baquet avant sont rouges, comme de coutume sur une Type R. Et ils sont parfaits : en plus d'être beaux, ils sont confortables ET ils maintiennent parfaitement. Le volant en peau retournée est lui aussi splendide.
L'ergonomie est parfaite, la position de conduite aussi, tout comme la qualité des matériaux. On note un progrès par rapport au précédent modèle dans l'esthétique des éléments. On pourra même parler d'élégance concernant les aérateurs et leurs petits sticks de commande, comme dans le Honda CR-V. On ne regrette pas les tableaux de bord déroutants des Civic d'il y a quelques générations.
La nuit, notre Type R diffuse un éclairage d'ambiance rouge sur les baguettes de porte ainsi que les moquettes, rouges elles aussi. Sur le grand écran central, un menu permet d'afficher divers paramètres de la Civic, de la température d'admission à la pression du turbo en passant par la pression d'huile ou les G, un peu à la façon d'une Nissan GTR. Devant le passager se trouve la plaque numérotée. Nous roulons avec la Type R numéro 1130. Ambiance à bord ? 20/20 !
Il y a la charge du téléphone par induction et plusieurs prises USB et USB-C à bord. La Civic est dans l'air du temps. Elle est très bien équipée mais ne va pas non plus dans l'excès. Il n'y a pas de sièges électriques, chauffants ou d'autres équipements qui alourdissent la voiture inutilement. Il n'y a pas non plus de voyant pour préconiser de passer un rapport plutôt que l'autre. Par contre il y a une barre LED qui s'éclaire progressivement en rouge avec un signal sonore, à l'approche du rupteur.
A l'extérieur pas de doute, on a bien une Civic Type R. On la voit de loin. Amateurs de discrétion s'abstenir, ça n'est pas dans les gênes des "CTR". Pourtant, la ligne de cette Civic a gagné en élégance et cette génération de Type R, toujours très agressive, nous paraît plus simple et moins torturée que par le passé. En deux mots, elle est parfaite !
Nous parcourons la route Napoléon et nous voila arrêtés dans le centre de Grenoble. Au loin, nous voyons une personne d'un certain âge en train de faire l'article de la Civic à sa compagne. Vu ses gestes, il est sans doute en train de lui expliquer le pourquoi des gros freins et le fonctionnement de l'aileron au design très travaillé. 5 minutes plus tard, un garçon d'environ cinq ans vient taper timidement à la fenêtre. On ouvre. Il me dit m'sieur, elle est belle ta voiture. Un peu plus loin, un jeune oublie un instant sa fiancée pour prendre en photo la Civic. Quelle popularité !
La Route Napoléon alterne des sections sinueuses de route de montagne et des portions un peu plus soporifiques de routes nationales : l'itinéraire est celui de la nationale 85.
Sur ces portions souvent limitées à 80 km/h et où il faut conduire de manière politiquement correct, nous profitons du régulateur de vitesse adaptatif et du maintien dans la file. Malgré sa puissance et ses très grosses roues qui créent une résistance au roulement, nous avons pu descendre à une consommation totalement incroyable de 6.4 L/100. Du jamais vu en ce qui nous concerne avec une telle auto ! La suspension est en revanche excessivement ferme et fait remonter toutes les imperfections de la route, même réglée au plus souple. On ne cracherait pas sur un mode encore plus souple.
En revanche, dans le sinueux, quand on lâche les chevaux... quel bonheur ! Le moteur est plein en bas et pousse fort. Pourtant, il en garde encore un peu pour les environs de la zone rouge, tout au bout du compte-tours, philosophie Type R oblige. Une vraie drogue.
Dans ces conditions, la conso peut atteindre les 20 litres. Le chiffre ne doit pas vous effrayer, on parle d'une utilisation maxi, proche d'un rythme circuit. Dans les mêmes circonstances, la Mitsubishi Lancer évolution avait eu besoin de plus de 30 litres en son temps... dans ces conditions particulières, on peste contre le pauvre petit réservoir de 47 litres.
Le châssis est... incroyable. Les limites sont très, très loin bien entendu et n'apparaissent qu'à des vitesses qui mènent en prison. Mais, arrivé à la limite, la Civic reste aisée à comprendre et à gérer. C'est une traction, après tout... Mais quelle traction ! Le train avant offre un grip incroyable, l'auto se jette dans les virages avec appétit -nous aussi- et le différentiel autobloquant permet des vitesses de passage en courbe incroyables. On n'a jamais vu un train avant pareil durant tous nos essais. C'est exceptionnel ! Selon l'ordinateur de bord, nous avons pris 1G dans les virages du col Bayard, juste au dessus de Gap... à cet endroit, des autos beaucoup plus puissantes n'ont pas réussi à suivre...
Le châssis est plus typé circuit que rallye et route ouverte. On se rappelle que l'auto a été conçue pour battre un record, au Nurburgring... En conduite (très) rapide, il faut souvent laisser la suspension en position confort. Sur mauvaise route et sur les modes plus durs, la voiture peut taper et rebondir jusqu'à provoquer des pertes d'adhérence. Heureusement, le mode Individual permet de paramétrer l'auto aux petits oignons et de régler ce problème.
Cette Civic nous offre un autre plaisir, celui de passer les vitesses soi-même. Le pommeau en alu est typique des Type R et anime une commande précise, rapide et ferme juste ce qu'il faut. L'étagement des rapports est aussi parfait que le reste et la Type R fait elle-même ses relances moteur au rétrogradage, ce qui est un gros plus en conduite sportive. La modernité, ça a du bon !
Mes amis, quelle auto ! Un tel moteur, un tel grip, le tout dans une auto utilisable, bien équipée et assez logeable... une offre presque unique. Ne rêvez pas pas AMG ou Audi RS, rêvez Type R !
Honda Civic Type R Ultimate Edition
Seulement 40 exemplaires pour toute l'Europe, et un seul pour la France. Un seul. Parfois, la vie, c'est cruel.
Niveau look : un joli blanc Championship, des bandes rouges pour faire style, un toit noir, des touches en carbone (aileron, seuils de porte, console centrale)... c'est sobre, mais ça pète. Dedans, c'est ambiance collector : projection du logo Type R au sol quand t'ouvres la porte, un coffret numéroté de 1 à 40, tapis sur-mesure, porte-clés carbone, housse... le pack grand luxe.
Sous le capot : toujours le même 2 litres diabolique.
Et puis, vu qu'il n'y en a qu'un seul pour tout le pays, il faudra jouer au loto... euh, au tirage au sort chez ton concessionnaire Honda préféré.
Texte : Manu Bordonado
Photos : Manu Bordonado, Adrien Bordonado & constructeur