Septembre 2022 : BG Turbo, ou la renaissance des turbocompresseurs
BG Turbo, ou la renaissance des turbocompresseurs
La grande majorité des véhicules actuels sont équipés d’un turbo. Une pièce magique pour un motoriste ou un préparateur mais qui peut finir par lâcher si l’on n’en prend pas soin. Heureusement, il existe des orfèvres comme BG Turbo…
Que veut dire BG Turbo, d’ailleurs… En s’y rendant, on imagine Boost Garanti Turbo. Ils n’auraient quand même pas osé un peu modeste Beaux Gosses Turbo ? Non, il s’agit simplement des initiales du maitre des lieux, Bernard Gras, qui a fondé cette société en 2008.
Nous amenons avec nous un turbo, un KKK modèle K16. BG Turbo va, pour les besoins du reportage, le refaire devant nous. Les turbos KKK sont relativement rares… Dans le cas d’un turbo Garrett, très courant, BG Turbo aurait sans doute procédé à un échange standard : ils en ont en stock, ce qui permet de réparer très rapidement en cas de souci. La visite du stock ne laisse aucun doute en la matière : on y trouve actuellement 5000 corps de turbo d’occasion mais aussi 1500 neufs et reconditionnés… Bernard Gras est fier de rappeler qu’ils sont refaits sur place et pas sous-traités en Europe de l’est ou en Afrique comme c’est parfois le cas.
En réalité, on n’y trouve pas que des pièces d’automobile. On y trouve également des turbos de groupes électrogènes, d’engins de travaux publics et de bateaux. Avec un turbo de bateau, on ferait même une sacrée table basse… mais ça ne rentrait pas dans notre poche donc on n’a rien piqué ! 3500 turbos sortent de chez BG Turbo par an, dont environ la moitié sont des unités reconditionnées directement sur place.
Après un coup de pointeau qui servira de repère, tout commence par le démontage de notre turbo. S’il a souffert, c’est qu’il y a une raison. Il faut donc trouver la cause du problème pour que cela ne se reproduise pas.
Sur notre KKK, les turbines d’admission et d’échappement devraient être sèches et pas grasses comme elles le sont. Le corps d’admission part aussitôt… à la machine à laver ! Notre expert en turbo est Nicolas. Il a l’art et la manière. Cela fait 9 ans qu’il manipule des turbos ici. Le palier de notre turbine est comme usinée et il en déduit que l’huile était polluée. En clair, notre véhicule (un Range Rover Turbo D) a tourné avec de l’huile de très mauvaise qualité. Les turbocompresseurs sont graissés par un trou minuscule. La qualité de l’huile est donc primordiale… et les vidanges régulières aussi !
Ce n’est pas tout : l’équipe nous apprend qu’il suffit de 0.07% de liquide de refroidissement dans l’huile pour casser ses molécules. Ainsi, un problème de joint de culasse aurait pu finir par endommager le turbo en empêchant sa bonne lubrification. Rien de cela dans notre cas.
La plaque arrière s’est usinée en raison du jeu dans notre axe. On la changera afin qu’elle n’abime pas le nouvel axe. La turbine côté échappement a trop de jeu elle aussi, elle sera donc changée. Côté roue d’admission c’est encore pire : elle avait tellement de jeu qu’elle a tapé contre le compresseur et s’est déformée. Elle n’est pas équilibrable donc elle sera bien entendu remplacée aussi. Au bilan nous allons simplement garder les carters et changer tout le reste !
Nous vérifions la soupape de décharge. Un peu comme sur une cocotte-minute, elle empêche toute surpression dans le circuit. Son logement est très dur à ouvrir car il se trouve dans la partie la plus chaude du turbo. Sur les bateaux, la tâche est rendue encore plus compliquée en raison de la rouille. Un coup d’air comprimé permet de constater que, même si elle est très grasse, notre waste gate marche bien. Les pièces que nous conserverons vont être nettoyées dans ce que l’on pourrait appeler une très grosse machine à laver.
La partie centrale du turbo n'étant plus utilisable, on en récupère une sur un autre KKK. Heureusement que BG Turbo a un gros stock ! Cette partie est importante (certes, elles le sont toutes…) car c’est la seule partie où circule l’huile. On vérifie le taraudage ainsi que le jeu aux segments. Le jeu est juste donc notre partie centrale d’occasion est bien étanche !
BG Turbo va maintenant utiliser un kit de réparation de turbo d’origine… Borg-Warner : il s’agit en fait de la maison mère de KKK. On récupère la plaque arrière sur un autre turbo KKK K16 qui était en stock. Décidément, le stock de BG Turbo nous sauve !
Ensuite, le turbo reçoit une frappe à froid. Cela évite qu’un indélicat ne tente de faire passer en garantie un autre turbo que celui-ci. Le matricule du notre contient la date d’intervention et se termine par N comme Nicolas. On aime plutôt bien que le mécanicien signe son oeuvre, comme chez AMG !
Le carter est passé au lavage haute pression puis il est décapé à la grenaille : cela retire moins de matière qu’un sablage traditionnel. Il subit ensuite un traitement au phosphatant qui l’assombrit mais le protège de la corrosion : comme un turbo peut atteindre 600 degrés, on ne peut pas le peindre… Le côté admission est en aluminium donc on n’a pas de souci mais la partie échappement est en fonte.
On en profite pour changer les goujons -qui ont plus de 30 ans- par des neufs. Ceux qui tiennent l’échappement ET ceux qui tiennent la soupape de décharge. Comme pour cela on casse les anciens, cela permet de resurfacer par la même occasion. On applique de l’huile de coupe qui permet aux copeaux de glisser, empêche les dépôts et réduit les risques de rupture. Ensuite, on taraude et on remplace.
Un turbo peut tourner jusqu'à 200 000 tr/min et son équilibrage est donc primordial. Le notre prend donc la direction du banc d’essai. C’est un banc capteur à champ magnétique… une machine à 100 000 euros qui va nous demander de retirer 12 mg de matière afin d’être parfaitement équilibré. Ensuite, on remet la turbine dans son compresseur. Puis on remonte le reste des éléments en prenant pour repère les poinçons du début. Il ne reste qu’à poser la soupape de décharge et c’est prêt !
A noter que nous avons demandé à BG Turbo de nous refaire un turbo à neuf en restant d’origine. Mais la noble entreprise est bien entendu capable de préparer le turbo, de faire un turbo hybride, etc. Avec un turbo, beaucoup de choses sont possibles !
Remontage du turbo dans notre Range Rover Turbo D. Il fume moins, il ne siffle plus, il consomme moins et il ne pollue plus. Marché 100% rempli pour les experts de BG Turbo qui n’ont pas failli à leur réputation de grands spécialistes !
Notre turbo, avant et après :
Texte & photos : Manu Bordonado
Tous nos remerciements à BG Turbo pour leur accueil sympathique et pour leur expertise indiscutable.
En complément, voici une vidéo réalisée par GLB sur la rénovation d'un turbo de Renault 5 :