Juillet 2016 : La route nationale 6, troisième partie: de Lyon au Mont Cenis

Même le tram prend la nationale 6 !

Dernier tiers de notre périple sur la route nationale 6. Et pas le moindre ! C'est celui dont on parle généralement le moins alors que c'est le plus majestueux.

Au kilomètre 522, on passe du département du Rhône à celui de l’Isère, et de la 306 (la départementale, pas la Peugeot) à la D1006. Notre chère nationale 6 gardera ce même matricule jusqu'à la fin. A noter au passage que le GPS de notre Suzuki Vitara nous donne des horaires d'arrivée toujours très pessimistes, pouvant aller jusqu'à une heure de plus que dans la pratique.

Nous traversons ensuite Bourgoin-Jallieu. Sur notre droite en part la D1085, qui fut par le passé la nationale 85 mieux connue sous le nom de route Napoléon. Nous y reviendrons...

Au kilomètre 575, nous arrivons à Pont de Beauvoisin. La commune suivante s'appelle... LE Pont de Beauvoisin. En fait, l'une se trouve en Isère et l'autre en Savoie. La rivière qui sépare ces deux communes, le Guiers, marquait depuis le traité de Paris (1355) la frontière entre la France et le comté de Savoie. Ne confondez donc pas ces deux communes !

Quelques kilomètres plus loin on attaque la montée en direction des Echelles, l’occasion de pouvoir activer le mode Sport de la transmission All-Grip de notre Vitara, et de s’amuser dans les virages : sa tenue de route, franche et sans roulis, est très plaisante ! On franchit ensuite l'étroit tunnel de la grotte pour passer le col de Couze, à 641m pour s'habituer doucement à l'altitude, avant de descendre sur Chambéry en passant devant la jolie cascade de Couze.

Au kilomètre 610, on arrive à Chambéry en passant devant les usines Opinel: si jamais il vous manquait un couteau pour manger un saucisson sur la route... Une belle allée vous accueille ensuite en ville. Comme de nombreuses autres fois, il n'est pas facile de suivre l’itinéraire de la nationale 6 puisque l’avenue de la Boisse est désormais en contresens.

20 kilomètres plus loin, à Montmélian, on se met à suivre les berges de l'Isère avec de belles lignes droites à la clef. Profitez en bien, ça sera bientôt fini ! On roule ainsi jusqu'à Pont Royal. Là attention, au milieu d'une très longue ligne droite la nationale 6 tourne brutalement à droite, et franchit l’Isère pour désormais suivre la vallée de l’Arc, une grande rivière qui se jette dans l'Isère. Anecdote amusante: la nationale 7 suit aussi la vallée de l’Arc mais il s'agit d'un petit fleuve homonyme, près d’Aix en Provence…

Dans la vallée de l'Arc, on va presque aussi vite sur la nationale que sur l'autoroute !

A partir de maintenant on aura en permanence réuni, sur une largeur de quelques centaines de mètres, l’autoroute A43, l’Arc, la nationale 6 et la voie de chemin de fer Paris-Milan. Ces 4 éléments ne se quitteront plus avant un moment ! C'est également à cet endroit que l'on passe définitivement le cap des 300m d'altitude.

On compte dans cette partie du trajet quelques belles lignes droites, et une circulation assez faible. De quoi faire de bonnes moyennes ? Oui mais attention: il y a également quelques radars automatiques... En 2013 on en avait compté en tout 22 sur la nationale 6, mais ce chiffre est malheureusement en régulière progression.

Au kilomètre 668 on passe le cap des 400 mètres d'altitude. 14 km plus loin on passe les 500 mètres, et seulement 8 km après le cap des 600m. Ça ne rigole plus ! À cet endroit notre nationale, toujours appelée D1006, comporte 3 voies. Le moteur DDiS de notre Suzuki Vitara (un 1.6 JTD d'origine Fiat Powertrain) offre beaucoup de couple, et on roule sur un assez bon rythme. Il n'était pas nécessaire de payer pour prendre l’autoroute voisine ! Oui, car on voyage toujours entouré par l'autoroute, la voie de chemin de fer et l’Arc…

8 km plus loin nous sommes à 700m… nous sommes à Saint Michel de Maurienne. Sur votre droite, la nationale 202 (dite maintenant D902) part en direction des grands cols et notamment du col du Galibier… Là aussi, on y reviendra avec une auto au grand coeur, car cette route en vaut la peine !

Pour fêter les 700 km on passe les 800m d’altitude, seulement 2 km plus loin. Ça monte de plus en plus vite ! 6 km plus loin, 900m. 4 km plus loin on passe la barre symbolique des 1000m. Quand on pense que la nationale 7 plafonne à 760m d'altitude… Nous sommes au point le plus au sud de toute la nationale 6 et on n’est pas loin de frôler le 45ème parallèle… Mais la nationale 6 ne le franchit pas.

À Modane, on abandonne l’A43 et la voie de chemin de fer: le premier entre dans le tunnel routier du Fréjus, la seconde entre... dans le tunnel ferroviaire du Fréjus, datant de 1871 ! La voie de chemin de fer est dotée d’un autoport: jusqu’à la création du tunnel routier en 1980, les autos traversaient le massif montagneux par ferroutage, les cols étant bloqués par la neige l'hiver…

La barrière de l'Esseillon, avec au premier plan la redoute Marie-Thérèse

On continue à suivre la vallée de l’Arc et on passe le cap des 1200m d'altitude. A partir de maintenant la route se fait plus vallonée, les longues lignes droites sont définitivement oubliées… Au kilomètre 721 on rencontre la barrière de l'Esseillon, constituée de 4 forts et d'une redoute: les forts Victor Emmanuel, Charles Félix, Charles Albert, Marie Christine sont séparés de la redoute Marie Thérèse par le pont du diable. L'ensemble mérite qu'on s'y arrête !

La nationale 6 fait route commune avec la route des Grandes Alpes quelques kilomètres

Au kilomètre 740 nous arrivons à Lanslebourg-Mont Cenis, 1400m d'altitude. Il ne faut pas se tromper ! Tout droit, la nationale 202 (D902 à présent) reprend la route des grands cols en remontant les rives de l'Arc, en direction du col de l'Iseran. À droite la dernière ligne droite, ou plutôt les derniers kilomètres de la N6. A partir de maintenant ça grimpe pas mal ! En 1868, un petit train suivait également cet itinéraire dans ces épingles, avant que le tunnel ferroviaire du Mont Cenis ne soit créé. Avec la position Sport (il y a une position Snow mais ça n'est pas la saison), on se délecte du châssis très joueur du Vitara. Quel dommage de ne pas avoir un Vitara S et avec 20 chevaux supplémentaires !

9 km de jeu plus tard, les épingles sont derrière nous. Avec l'altitude, notre moteur est en quelque sorte à la ramasse : c’est le nom du lieudit sur votre droite ! Un kilomètre plus loin (km 749), nous sommes au Col du Mont Cenis, à 2081m d’altitude. C’était autrefois le point culminant de la nationale 6, ainsi que le point final: c’était en effet ici que se trouvait la frontière entre la France et l’Italie. En 1947, l’Italie a abandonné à la France par le traité de Paris 82 km2 sur ce plateau, repoussant la frontière un peu plus bas… Puis en 1963 la construction du barrage du Mont Cenis est lancée, déroutant un peu la nationale 6 vers l’est. Celle-ci culmine du coup à 2094m…

Au kilomètre 759 nous tombons sur Grand Croix, un village qui a été abandonné car il se trouve justement au pied du barrage. Nous l’avons découvert dans le brouillard… C’est assez inquiétant à voir !

Le village de Grand Croix, abandonné depuis l'existance du barrage

La route nationale 6 « version 1947 » s’arrête ici, au 762ème kilomètre, ce qui en faisait à l’époque la 4ème route la plus longue de France, après les nationales 7, 20 et 10. La route descend ensuite sur Sousa… Vous y retrouverez l’autoroute de Turin, qui sort… du tunnel du Fréjus entrevu à Modane !

Partant du centre de Paris pour finir sur de hauts massifs alpins, la nationale 6 nous aura autant fait rêver que la nationale 7. Que de beaux paysages… On aurait bien continué encore quelques kilomètres ! Mais la N202 n'est pas bien loin, alors si jamais vous avez encore faim...

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